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"Je suis végan, à ma façon"

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« Le jour viendra peut-être où le reste de la création animale acquerra ces droits qui n’auraient jamais pu être refusés à ses membres autrement que par la main de la tyrannie. Les Français ont déjà découvert que la noirceur de la peau n’est en rien une raison pour qu’un être humain soit abandonné sans recours au caprice d’un bourreau. On reconnaîtra peut-être un jour que le nombre de pattes, la pilosité de la peau, ou la façon dont se termine le sacrum sont des raisons également insuffisantes pour abandonner un être sensible à ce même sort.

Et quel autre critère devrait marquer la ligne infranchissable ? Est-ce la faculté de raisonner, ou peut-être celle de discourir ? Mais un cheval ou un chien adultes sont des animaux incomparablement plus rationnels, et aussi plus causants, qu’un enfant d’un jour, ou d’une semaine, ou même d’un mois. Mais s’ils ne l’étaient pas, qu’est-ce que cela changerait ? La question n’est pas : Peuvent-ils raisonner ? ni : Peuvent-ils parler ? mais : Peuvent-ils souffrir ? »

"Une citation de Bentham qui a changé ma façon de voir les choses"

Marine

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Magasin "Un Monde Végan" - 3ème arrondissement de Paris

"Le documentaire qui m'a fait comprendre que ce n'était plus possible"

Manon

Ce mode de vie est le résultat d’une réflexion philosophique sur l’exploitation animale faite par l’homme. Il est donc difficile de placer une limite sur une réflexion philosophique. Au cours de cette enquête, il a été découvert qu’on ne peut pas répondre par oui ou par non à la question « Peut-on devenir complètement végan ? ». Chacun définit ses propres barrières. Pour Manon, jeune lycéenne végane depuis 7 mois, le véganisme est un choix personnel qui vise, de par ses propres actions, à tenter de faire un monde sans exploitation animale, un monde plus juste pour les humains mais aussi pour les autres êtres vivants. Cependant ce mode de vie ne peut être poussé à son extrême, comme l’a dit Constantin Imbs à Marine : « On pourrait dire qu’il y a des produits d’origine animale dans la colle. Que des affiches sont collées sur les bus avec cette colle, donc qu’il faut arrêter de prendre le bus. Mais je ne vais pas arrêter de prendre le bus ». Ou comme le dit Jean-Luc Zieger, président d’ « Un Monde Végan » : « On ne peut pas vivre en autarcie. Techniquement c’est impossible d’être complètement végan. Toutes les céréales sont cultivées avec des engrais à base de bouse de vache donc si on part du principe que ce n’est pas végan, rien ne l’est. » Ainsi, on ne peut être totalement végan. Mais nous pouvons l'être de la meilleure manière qui soit : la notre.



 

Un mode de vie végan se prépare. S’il semble simple de prendre la décision de le devenir, il est bien plus complexe de le mettre en application. C’est pourquoi il est d’abord plus simple de commencer par devenir végétarien, puis végétalien. Des précautions sont à prendre, mais surtout, pas à la légère, Elisabeth Millara est formelle sur ce sujet : « Avant de devenir végane, il faut voir un médecin, de préférence un professionnel de la nutrition. A première vue, on ne peut pas vivre sans produits animaux sans avoir de carences. » Ne pas consommer de viande provoquerait des carences en vitamines B12, sans poisson, notre corps manquerait d’omega 3, et sans produits laitiers, il manquerait de calcium. Mais pour Manon, le véganisme n’est à l’origine de rien : « Il y a beaucoup plus de carencés omnivores que de carencés végans. Les végans sont attentifs à leur alimentation, ils font donc attention à ne pas avoir de carences. Moi, par exemple, je prends de la vitamine B12 en compléments alimentaires. » Cette vitamine, que l’on trouve, dans notre nourriture, uniquement dans la viande, ne semble pas si naturelle. Jean-Luc et Manon tiennent le même discours : « Si cette vitamine est dans la viande, c’est parce qu’on donne des compléments au bétail. Alors, autant les prendre nous même, non ? »


Rester en bonne santé n’est pas le seul obstacle lorsque l’on se convertit au véganisme. Le mode de vie entier est bouleversé. Marine, qui est en phase de devenir végan, le reconnaît : « C’est souvent compliqué quand on va au restaurant, chez des amis ou même à la cantine. Même si ce n’est jamais facile, avec de l’entraînement, ça se fait : on prévient les gens, on leur donne des idées de recettes… » Souvent, les apprentis végans n’ont aucun mal à passer végétarien : arrêter la viande est la chose la moins compliquée. Le plus difficile, pour Manon, a été d’arrêter les produits laitiers : « Je ne pouvais plus manger de Kinder Bueno, alors que j’adorais ça ! Pareil pour le fromage. Aujourd’hui ça ne me manque pas, mais ça a été compliqué au début. » Mais après la nutrition, viennent les vêtements, les chaussures, les produits cosmétiques, où l’exploitation animale est bien plus difficile à déceler. Des sites Internet végans comme « vegan-france.fr » sont des véritables annuaires. On y trouve des sites de boutiques de vêtements sans matières animales, de même pour les cosmétiques. Marine commence à bannir totalement la présence de l’animal « mort » dans sa vie, sans pour autant renier son passé « non-végan » : « Ma mère m’a offert des chaussures en cuir l’été dernier, ça m’a mise très mal à l’aise mais je les porte encore… Disons que si je dois acheter quelque chose et que c’est possible de prendre une version végane, je le fais. Parfois, quand c’est difficile, je cède encore. Je n’ai pas jeté ou revendu mes produits non-végans. » Récemment, elle a acheté du maquillage à « Un Monde Végan », le magasin de Jean-Luc. Manon, qui est végane depuis 7 mois, est dans le même cas : « Si on m’a offert un vêtement avant que je sois végane et que c’était du cuir, je ne vais pas arrêter de le porter, parce que c’est un cadeau. Mais maintenant, je fais attention à ce que j’achète ».  Lorsqu’on leur demande si elles poussent le véganisme à leur extrême, les réponses divergent. Pour chaque végan interrogé, une réponse différente.




 

Devenir végan, oui mais comment ?

Question bête, oui. Mais la première que l’on se pose. Les raisons sont diverses. Devenir végan c’est le fruit d’un choc moral brutal, ou d’une prise de conscience plus lente, où chacun finit par se rendre compte qu’il ne veut plus manger d’animaux, ni faire partie de cette exploitation. Souvent, cette prise de conscience est éthique. C’est le cas de Marine, 23 ans. Lorsqu’elle était en deuxième année d’école d’agronomie, il lui a été proposé de participer à un module sur le bien-être animal : « J’ai trouvé ça intéressant, mais c’était plutôt une approche centrée sur « comment améliorer les conditions de vie des animaux à l’intérieur des élevages », ça ne remettait pas du tout en question la légitimité de l’élevage. » Puis elle a réalisé son mémoire de fin d’études sur les « Mobilisations associatives et bien-être animal » à l’ANSES, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail. « Avant mon stage, je n’aurais jamais pensé devenir végétarienne, j’étais dans une école d’agronomie, je partais du principe que c’était normal de tuer des animaux pour les manger et j’étais assez dure avec mes copines qui penchaient vers le végétarisme. » Pourtant, aujourd’hui, Marine est végétarienne, à forte tendance végétalienne, et se convertit doucement vers le véganisme. D’où vient ce changement brutal ? « Pour certains c’est très brutal, d’un coup on réalise qu’on veut devenir végane du jour au lendemain. Pour moi ça a été très progressif, il y a eu des moments clefs. » Tout d’abord, la lecture de plusieurs ouvrages, dont un qui l’a particulièrement marqué. Puis un entretien avec Constantin Imbs, président de la Société Végane, qui a résumé son mode de vie en une phrase : « Je peux vivre en santé sans faire de mal aux animaux, alors je le fais ». Mais l’apothéose de cette prise de conscience a été lorsque Marine s’est rendue aux estivales de la question animale, toujours dans le but de son mémoire et toujours sans l’intention de le devenir. Pendant trois jours, elle a écouté des conférences sur le sujet, rencontré et vécu avec des végans. Le déclic s’est fait en rentrant chez elle : « Quand je suis repartie je me suis sentie très mal à l’aise. Je réalisais que ça devenait insupportable pour moi que mes convictions soient autant en désaccord avec mes actes. Quand je suis rentrée chez moi, j’ai donné la viande qu’il y avait au frigo à mes voisins, j’ai complètement arrêté d'en acheter ».


Pour Marine, devenir végane, c’est un combat, une lutte pour le droit des animaux : « Le combat pour les animaux s’inscrit dans la lignée d’autres mouvements de la justice sociale comme les luttes contre le racisme ou le sexisme ». Si l'aspect éthique est une part importante du mouvement, l’impact environnemental est également une des raisons pour lesquelles beaucoup de personnes deviennent véganes. A seulement 17 ans, Manon l'est depuis 7 mois, et est végétarienne depuis 1 an et demi : « J’ai toujours souhaité devenir végane. Mais j’ai voulu que la transition soit lente, pour que ce ne soit pas un choc, notamment au sein de ma famille ». En terminale ES, cette jeune fille, comme tout autre de son âge, passait du temps sur les réseaux sociaux et particulièrement sur YouTube, où elle avait pour habitude de regarder des vidéos de tutoriels de beauté. Un jour, elle tombe sur des vidéos de végans. Peu à peu, ce mouvement l’intéresse et elle regarde de plus en plus de vidéos de conférences, de reportages, et de documentaires. Mais un jour, après avoir regardé le documentaire « Terriens (Earthlings) », le déclic se produit : « C’est à ce moment que je me suis dis que ce n’était plus possible. Deux jours plus tard, je suis allée voir mes parents en leur disant que je voulais devenir végétarienne ». Si l'aspect éthique est bien entendu la première raison pour laquelle elle est devenue végane, le côté environnemental la touche particulièrement. En effet, selon un rapport de l’ONU paru en 2006, appelé « Livestock Long Shadow », 51% des émissions de gaz à effet de serre seraient la conséquence de la production de viande, c’est-à-dire bien plus importante que celle de tous les transports réunis. D’autres considèrent qu’il y a de plus en plus de raisons d’arrêter de manger de la viande aujourd’hui, comme l’explique Jean-Luc Zieger, président et fondateur du magasin « Un Monde Végan » : « A la base, c’est une démarche éthique par rapport aux animaux. Puis ça peut être une démarche écologique, ou également pour la santé. Les études prouvent clairement que manger de la viande n’est pas toujours bon pour la santé ». En effet, une étude publiée simultanément par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et par le CIRC (Centre international de recherche contre le cancer) a prouvé que la viande est cancérigène pour l’homme, et qu’il faut la consommer de manière limitée. Comme Marine, Manon ou même Jean-Luc, certains ont pris la décision de ne plus la consommer. Un choix personnel mais presque politique, puisqu’il s’inscrit dans le mouvement végan, de lutte pour le droit des animaux. Mais le passage à ce mode de vie n’est pas toujours facile.

 

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100% VEGAN

Possible ou non ?

Aujourd’hui, le véganisme est un mode de vie qui se développe de plus en plus. Pour de multiples raisons, de plus en plus de personnes y adhèrent. Mais dans une société où il est difficile de connaître la composition exacte de nos aliments, de nos vêtements, ou de n’importe quel autre produit, est-il possible de devenir complètement végan ?

 « Rien ne peut être aussi bénéfique à la santé humaine et augmenter les chances de survie de la vie sur terre que d'opter pour une diète végétarienne » disait Albert Einstein. Bien plus qu’exclure la viande de son alimentation, le véganisme enlève entièrement l’exploitation animale de son mode de vie. Une personne végane ne mange donc ni viande, comme un végétarien, ni poisson ni œuf, comme un végétalien, mais il ne porte ni laine, ni cuir, ni cosmétique, ni quoi que ce soit pouvant être testé sur les animaux, ou venant de l’exploitation animale. A première vue, cette façon de vivre semble inédite, anormale voire extrémiste. Mais devenir végan est le fruit, pour chacun, d’une mûre réflexion et d’une prise de conscience. Dans la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui, il semble impossible d’exclure complètement l’exploitation animale de nos vies. Elle est dans nos vêtements, dans notre alimentation, dans nos gels douches, nos cigarettes, et même notre dentifrice. Que ce soit pour des raisons éthiques, environnementales ou simplement, de santé, certains ont décidé de l’éliminer totalement de leur vie. Mais est-ce réellement possible ?

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Mais... Pourquoi t'es végan ?

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